Edward Hopper au Grand Palais à Paris

Jusqu'au 28 janvier, des hordes de visiteurs patienteront gentiment devant l'entrée latérale du Grand Palais (côté Champs Elysées). Des heures durant, ils attendront pour visiter L'exposition du moment et pas n'importe laquelle : une sublime rétrospective sur Edward Hopper (1882-1967).

128 toiles racontent la peinture à la fois franche et mystérieuse, pudique et sensible du peintre américain... Et moi, je découvre in vivo les toiles que j'ai étudiées en Licence d'histoire de l'art des mois durant.
Je hume à travers champs (de vision ?) le foin du jardin de la maison Cape Cod qui oscille au grès du vent aux abords d'une dense forêt angoissante. Je découvre les variations d'ombres de la maison aux vitres sans vie près des rails, celle qui inspira la maison de Psychose d'Alfred Hitchcock. Je m'étonne d'une facture si précise et d'un rendu parfaitement lisse et soigné. Je m'étonne davantage d'un pan de mur rosé, crépitant sous une matière abondante, au coin de Morning in the city.
Grand Palais
Office at Night, Girlie Show, 1941, Cape cod evening, 1939.
Psycho
Railroad house, 1925.
Cette exposition est importante car c'est une aventure picturale et une aventure à travers l'âme humaine.

Elle raconte le vent à travers les rideaux et la transparence d'une silhouette sexuée, offerte au soleil et si virginale. Et la difficulté de communiquer avec l'autre, près de qui l'on est mais que l'on ne perçoit jamais totalement. Et la femme si charnelle, si sensuelle, parfois fardée ou encore tellement drôle mais jamais outrancière.

Hotel Room, 1931, Morning in the city.
La part d'humanité que peint Hopper se replit sur son éternelle solitude, une solitude sobre, parfois légèrement avachie, parfois ensoleillée. Hopper dépeint une humanité métaphysique qui semble davantage se poser des questions ou respirer le temps présent plutôt que de s'évaporer dans d'inutiles échanges. Une humanité méditative.
Chop Suey, 1929, Room in New York, 1932.
Le parcours de l'exposition, intelligemment pensé, propose une chronologie où l'on découvre les premières années du peintre et ses inspirations contemporaines, notamment parisiennes, qu'il puise lors de ses séjours en France. Puis, le visiteur entre dans le monde Hoppérien, où ses "obsessions" accompagneront, sa vie durant, son oeuvre. Avec un final en apothéose, où le dépouillement ultime laisse simplement place dans une pièce, à la lumière.

Les amateurs de Hopper vibreront d'émotion tout au long de ce subtil périple, se rappelant que l'artiste a développé certaines perspectives reprises ensuite par le cinéma (comme l'effet de plongée de Night Shadows, gravure de 1921, ou de Night Windows qui inspira Fenêtre sur Cour de Hitchcock). Ils re-découvriront une Amérique colorée, des intérieurs et extérieurs aussi dépouillés que la nature se montre généreuse et feuillue.

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Ouverture
de 10h à 22h du mercredi au samedi inclus. De 10h à 20h le dimanche et lundi. Fermé le mardi. ouvert tous les jours de 10h à 22h pendant les vacances scolaires (du 27 octobre au 10 novembre 2012 et du 22 décembre 2012 au 5 janvier 2013). Fermeture anticipée à 18h les 24 et 31 décembre. Fermeture le 25 décembre.
Infos sur le site : www.rmngp.fr
Grand Palais, entrée Champs-Elysées Métro lignes 1, 9 et 13 : Champs-Elysées Clemenceau ou Franklin-Roosevelt.

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